Je suis l'hérésiarque de toutes les églises
Je te préfère à tout ce qui vaut de vivre et de mourir
Je te porte l'encens des lieux saints et la chanson du forum
Vois mes genoux en sang de prier devant toi
Mes yeux crevés pour tout ce qui n'est pas ta flamme
Je suis sourd à toute plainte qui n'est pas de ta bouche
Je ne comprends
Quand tu l'as modelée à ta semblance
Quand j'ai su dans tes bras que j'étais un être humain
Quand j'ai cessé de feindre et de ricaner pour être moi-même au toucher de ta main
Prenez ces livres de mon âme ouvrez-les partout n'importe où
Brisez-les pour mieux en comprendre
Et le parfum et le secret
Coupez d'un doigt brutal les pages Froissez-les et déchirez-les
On n'en retiendra qu'une chose
Un seul murmure un seul refrain
Un regard que rien ne repose
Un long merci qui balbutie
Ce bonheur comme une prairie
Enfant-Dieu mon idolâtrie
L'Avé sans fin des litanies
Ma perpétuelle insomnie
Ma floraison mon embellie
Ô ma raison ô ma folie
Mon mois de mai ma mélodie
Mon paradis mon incendie
Mon univers Elsa ma vie
À peine une âme une ébauche d'âme mal limée une âme hirsute une âme
Comme on en perd sans regret sur les champs de bataille ou dans les accidents de chemin de fer
Une pauvre âme qui ne savait que faire d'elle-même
À la dérive du temps présent
Ils ne voient pas que je saigne de ton sang
Je me demande un peu ce que pour eux mon chant signifie
Si chaque mot qui se brise dans ma voix ils ne savent point
que c'est une harmonique de ta gorge
S'ils ne voient pas autour de mon âme tes bras
Ils se sont fait
Une image de moi peut-être à leur image
Ils m’habillent de leurs surplus
Ils me promènent avec eux et vont jusqu’à citer mes vers
De telle façon qu’ils leur servent
Ou deviennent pour eux de charmantes chansons
Je suis un peu de leur commerce
En attendant d’être une rue
Je suis dans les dictionnaires
Et dans les livres des écoles
Le scandale m’est interdit
J’ai beau crier que je t’adore
Et je suis rien que ton amant